Dans le théâtre kabuki, les onnagata sont les acteurs masculins spécialisés dans l’interprétation de rôles féminins. Cette tradition remonte au XVIIᵉ siècle, lorsque les femmes furent interdites de scène au Japon. Les onnagata sont alors devenus les dépositaires d’une esthétique féminine idéalisée, raffinée et codifiée.
1. Origine et rôle des onnagata
Les onnagata trouvent leur origine au début du XVIIᵉ siècle, lors de l’essor du théâtre kabuki au Japon. À cette époque, les femmes furent interdites de scène par le shogunat Tokugawa, jugées responsables d’attiser le désordre et la séduction dans les théâtres. Pour maintenir les représentations, les acteurs masculins durent alors incarner les rôles féminins, donnant naissance à la figure de l’onnagata. Leur rôle dépasse la simple imitation : ils incarnent une féminité sublimée, faite de gestes codifiés, de voix adoucie, de maquillage blanc (shironuri) et de costumes somptueux. Ainsi, l’onnagata n’est pas seulement un substitut féminin, mais un symbole artistique qui façonne et transmet une vision idéalisée de la femme dans la culture japonaise traditionnelle.
- Interdiction des femmes au théâtre (1629) : Par décret du shogunat Tokugawa, les femmes furent exclues des scènes publiques, entraînant l’essor de comédiens masculins jouant tous les rôles.
- Naissance de l’onnagata : Ces acteurs ont développé une technique spécifique pour incarner des personnages féminins crédibles, allant bien au-delà de la simple imitation.
- Dans le kabuki, l’onnagata ne se contente pas d’imiter la femme réelle : il incarne l’essence idéalisée de la féminité.
2. Techniques et style de jeu
Les onnagata se distinguent par un art subtil qui va bien au-delà de l’imitation. Leur technique repose sur une maîtrise absolue du corps, de la voix et des attitudes. Chaque geste est étudié pour exprimer la grâce féminine : une marche mesurée aux pas glissants (suriashi), des mains délicatement posées, des inclinaisons de tête marquant la retenue. La voix, quant à elle, est adoucie et modulée afin de créer une tonalité douce, presque chantée, qui contraste avec la voix naturelle masculine. Le maquillage blanc (shironuri), rehaussé de traits fins pour les yeux et les lèvres, accentue cette transformation. Enfin, les costumes aux motifs fleuris et aux tissus soyeux complètent l’illusion. L’onnagata ne cherche pas à copier fidèlement la femme, mais à incarner une féminité idéalisée et stylisée, propre à l’esthétique du kabuki.
- Gestuelle codifiée : Mouvements lents, bras légèrement pliés, pas courts et glissés.
- Voix modulée : Timbre plus doux et rythmes plus fluides que dans les rôles masculins.
- Expressions faciales : Contrôle précis du regard et des sourires pour évoquer pudeur et émotion.
- Maquillage (kesho) : Blanc éclatant, lèvres délicatement peintes, yeux accentués.
3. Costumes et accessoires
- Kimonos richement décorés : Soies brodées, motifs floraux, couleurs pastel ou vives selon le rôle (jeune fille, femme mûre, courtisane…).
- Perruques (katsura) : Coiffures traditionnelles japonaises, souvent ornées de peignes et d’épingles (kanzashi).
- Accessoires symboliques : Éventails japonais, ombrelles, mouchoirs ou instruments de musique pour compléter la gestuelle.
« La beauté de l’onnagata ne réside pas dans l’imitation de la femme, mais dans l’art d’incarner une féminité rêvée, délicate et éternelle. »
4. Symbolisme culturel
L’onnagata représente la quintessence de la féminité dans l’art japonais, un idéal poétique plutôt qu’un portrait réaliste. Il incarne la grâce, la délicatesse et la retenue qui étaient valorisées dans l’imaginaire de l’époque Edo.
Dans la culture kabuki, cet archétype est aussi un miroir des attentes sociales et des canons esthétiques du Japon traditionnel.
❓ FAQ – Onnagata : Beautés féminines du Japon
1. Qu’est-ce qu’un onnagata dans le théâtre japonais ?
Un onnagata est un acteur masculin spécialisé dans les rôles féminins du théâtre kabuki. Cette tradition remonte au XVIIᵉ siècle, lorsque les femmes furent interdites de scène au Japon.
2. Pourquoi les hommes jouaient-ils les rôles de femmes ?
À l’époque d’Edo, les autorités ont interdit aux femmes de jouer dans le kabuki, jugé trop séducteur. Les hommes ont donc pris leur place et ont perfectionné l’art d’incarner la grâce et la délicatesse féminine.
3. Comment un onnagata parvient-il à imiter la féminité ?
Par un mélange de gestes raffinés, d’attitudes stylisées, d’un maquillage blanc appelé shironuri et d’un travail minutieux de la voix pour atteindre une douceur féminine.
4. Les onnagata sont-ils encore présents aujourd’hui ?
Oui. Même si les femmes peuvent désormais jouer, les onnagata demeurent un pilier du kabuki moderne. Leur présence est considérée comme un héritage vivant de la tradition théâtrale japonaise.
5. Quelle est la symbolique des onnagata dans la culture japonaise ?
Ils représentent l’idéal esthétique féminin tel qu’imaginé par la culture japonaise : élégance, retenue et beauté stylisée. L’onnagata n’imite pas simplement la femme, il incarne une féminité idéalisée.
